« Tout n'était pas tristesse. Le soleil brillait au-dehors. La grive chantait sa double syllabe sur les boules-de-neige en boutons. Des enfants se roulaient, avec de grands éclats de rire, sur des montagnes de paille dorée. Le surprenant, c'était d'abord que la tristesse fût là, mais, à la longue, le sentiment d'une totalité envahit Margaret. Nulle part mieux qu'ici, dans ces fermes anglaises, on ne pouvait appréhender la vie dans une calme et unique vision, unir sa fuite et son éternelle jeunesse, relier enfin - relier sans amertume, jusqu'au moment où tous les hommes seraient frères. »
E. M. Forster, Howards End, chapitre XXXIII, 1910
« Et cependant il y a, c'est du moins ce que l'on ressent, dans Howards End, en solution, toutes les qualités nécessaires pour faire un chef- d'oeuvre. Les personnages nous semblent extrêmement réels. L'ordonnancement du récit est magistral. Cette chose indéfinissable mais d'une extrême importance, l'atmosphère du livre, est illuminée par l'intelligence ; pas la moindre tricherie, pas un atome de fausseté n'y a sa place. Et, une fois de plus, mais sur un champ de bataille plus vaste, se déroule l'affrontement qui a lieu dans tous les romans de Forster - l'affrontement entre les choses qui ont de l'importance et celles qui n'en ont pas, entre la réalité et les faux-semblants, entre la vérité et le mensonge. »
Virginia Woolf, « Les romans d'E. M. Forster », Atlantic Monthly, novembre 1927