Jedermann, Le Grand Théâtre du monde de Salzbourg d'après Calderón, l'inabouti Xenodoxus ont été destinés par Hofmannsthal à la scène du Festival de Salzbourg ouvert en 1920 dans la métropole archiépiscopale. L'ensemble a été compris par leur auteur comme un projet de trilogie, volet à part entière, et cohérent, de son oeuvre dramatique et opératique (R. Strauss).
Jean-Marie Valentin restitue en français ces textes et notes fragmentaires, les annote et les fait précéder d'analyses approfondies. Il rend de même à nouveau accessibles les exposés, entretiens et lettres d'information qui en circonscrivent l'esprit. Une place importante revient à M. Reinhardt, initiateur d'une conception pionnière de la mise en scène en rupture avec les espaces familiers aux dramaturgies classiques et naturalistes.
Au coeur de son travail il met l'écriture dramatique dans ses rapports avec les formes génériques d'un théâtre à substrat religieux soucieux de l'effet produit sur le public-masse. Chronologiquement située entre le début du XXe siècle et les années qui suivent la fin de la Première Guerre mondiale, la trilogie emprunte ses sujets à l'époque baroque. Mais si le dramaturge privilégie les voies prémodernes, il s'affirme, par sa réflexion sur les rapports entre la forme, ressourcée à la tradition, et l'histoire présente, comme le maître d'une théâtralité donnant corps au diagnostic sévère porté sur la crise inouïe qui affecte en son temps les valeurs individuelles et collectives.