Humeur noire
C'est lors d'une visite au musée d'Aquitaine de Bordeaux, dans l'exposition consacrée à la traite négrière, qu'Anne-Marie Garat tombe en arrêt devant un certain cartel aux termes pour le moins équivoques. Né d'un emportement qui aurait pu rester passager, ce livre revient avec une honnêteté non dépourvue de malice sur l'humeur noire qui s'installe jusqu'à ce qu'elle vire à l'obsession, ouvrant sur une infinité de questionnements. Aux premiers rangs desquels le rapport d'une ville à son histoire, l'amnésie ou le mensonge collectif, le déni du passé esclavagiste et colonial. Réflexion qui interroge aussi avec alacrité son rapport, intime et conflictuel, à sa ville natale et donc à son enfance, sa famille, sa propre trajectoire.
Et, bien sûr, le nerf de la guerre pour un écrivain : les mots, le langage, leur rôle et leur puissance ou leur nuisance dans nos représentations de l'Histoire et de la vérité. En ressort alors un texte flamboyant, qui brûle d'une saine colère envers le sort réservé aux plus faibles et aux oubliés de notre mémoire sélective.