Novalis
(Georg Philip Friedrich von Hardenberg)
Hymnes à la nuit
Hymnen an die Nacht
suivis de
Chants spirituels
Geistliche Lieder
Subjugué par la philosophie idéaliste de Fichte prônant le caractère fondamentalement unitaire du créé, parce qu'enraciné dans le moi profond de l'homme qui le ressource sans cesse, le transfigure et lui donne vie, Novalis crée le romantisme en faisant de l'intériorité ténébreuse du moi (Hymnes à la nuit) le lieu de cette élaboration magique et poétique du monde avec sa cohérence unitaire telle que proposée aussi par Emmanuel Kant dans sa Critique de la raison pratique. Il identifie ainsi l'homme du faire (poïeîn), soit le poète, avec le démiurge suprême, Dieu incarné, le Christ. L'énergie unifiante des particules élémentaires spiritualisées est l'amour (ce que la philia était au rationalisme aristotélicien). Aussi l'ascèse obsessionnelle du multiple vers l'un devient, dans une perspective chrétienne, désir de s'arracher aux vicissitudes de l'incarnation, vouée à la dissolution et à la mort, par la médiation de l'amour, sauveur de l'humanité.