On connaît l’usage que Ronsard fit des Hymnes naturels de Marulle pour composer ses propres Hymnes, toute édition savante y faisant référence, mais rares sont ceux qui remontaient jusqu’à la source, tant les difficultés du latin de Marulle, dues à un ordre des mots plus libre encore que celui des Odes d’Horace, sont décourageantes. Grâce à l’édition et à la traduction que donne aujourd’hui Jacques Chomarat, ce sera désormais chose facile. On connaîtra mieux Marulle, non plus à travers Ronsard, mais par lui-même.,Marulle redonne la parole aux dieux ancestraux de la Grèce, mais, Grec, il écrit en latin pour se faire entendre. Ces Hymni contiennent une description non seulement de l’autre monde et des aspects divers du Dieu souverain, présentés comme autant de divinités, mais encore de l’organisation et de la genèse de ce monde-ci. En cherchant à rendre respectable la religion de ses ancêtres, Marulle montre sur des points essentiels sa concordance avec le christianisme; pourtant le polythéisme qui se dégage de son œuvre troubla Beatus Rhenanus et ne manquera pas de troubler encore les lecteurs contemporains. C’est que ces Hymni occupent une place singulière dans la longue histoire des relations entre paganisme et religion chrétienne. A redécouvrir.