L'hypnose n'est pas un phénomène isolé relevant
d'une explication indépendante. Elle est, au contraire,
indissociable des lois générales du psychisme. Sa nature
en est déductible comme une conséquence l'est des
prémisses qui la fondent. Une réflexion sur l'hypnose
enveloppe donc une interrogation philosophique sur
la nature de la conscience pour rendre compte de faits
particuliers.
Le sujet en état d'hypnose est un être unifié qui
coïncide avec la mouvance de la durée, forme de tout
vécu, mais ignore, faute de recul, sa temporalité : il ne
pense pas le temps et ne se pense pas dans le temps.
Cette hypothèse s'accorde avec les procédés d'induction
de l'hypnose ; elle permet aussi d'éclairer ses principaux
effets : hallucinations positives et négatives, régression,
amnésie posthypnotique...
Longtemps reléguée au silence par la psychanalyse,
l'hypnose connaît aujourd'hui, sous d'autres noms,
un renouveau attesté par le succès de méthodes de
relaxation qui en procèdent. Mais, de tout temps,
l'état mental où elle s'enracine a inspiré la recherche
d'expériences libératrices : c'est le cas des diverses
formes de prières ou de la spiritualité propre au quiétisme
et au zen. Différentes de l'hypnose, ces expériences
naissent de la même source et s'en rapprochent comme
des espèces au sein d'un genre.