Poètes des cinq continents
Ici
C'est au milieu de ce qui ne se ressuscite pas, de ce qui se dérobe, ou s'abolit, au milieu du dérisoire même, que la permanence des choses, des êtres et de leur secret, continue. Aucune souveraineté n'est acquise en soi ni en écriture ; seul au lieu nous sommes voués pour inscrire le corps avec ses souffles, ses regards, ses désirs, sa vieille humilité, sa part d'ombre, son vide radieux. Par la grâce du dévoilement, la présence, affinée, devenue presque l'idée d'elle-même, ne se lit que comme éclats de passages, art du peu, voeu de silence. L'ensemble présent des petits textes se risque dans ce mouvement, dans les nuances de ce qui se voit, ce qui est senti dans le pacte possible, encore possible, entre la brièveté des mots et l'accueil des choses dépouillées de leurs illusions, ne gardant que les traits d'une ultime vérité. C'est dire que les poèmes ici n'atteignent rien, ils avouent simplement leur chemin de clarté, le maintien ou le désir d'une lucidité sereine.