La renommée d'Arrigo Boito (1842-1918) est avant tout liée à l'opéra. Compositeur de Mefistofele et de Nerone, il écrivit
pour Verdi les livrets d'Otello et de Falstaff, d'après les oeuvres de Shakespeare, et pour Ponchielli celui de La Gioconda, d'après Victor
Hugo. Il fut par ailleurs l'un des chefs de file de la scapigliatura, sensibilité littéraire née après l'unité italienne, en réaction au romantisme.
Polémiste et poète, Arrigo Boito fut aussi un remarquable conteur, à l'instar de son frère Camillo, le célèbre auteur de Senso.
Ce recueil réunit l'ensemble de ses nouvelles, extrêmement variées dans leur thème et dans leur style.
Que celui qui sait jouer aux échecs prenne un échiquier, le dispose en bon ordre devant lui et qu'il imagine ce que je vais
décrire. Qu'il imagine du côté des pièces blanches un homme au visage intelligent, deux fortes bosses saillantes sur son front, un peu
au-dessus des sourcils, là où Gall place la faculté du calcul. Il porte un collier de barbe d'un blond éclatant et ses moustaches sont