De plus en plus, les entreprises et les institutions demandent aux individus qu'elles encadrent de savoir décrire leurs activités, leurs métiers, leurs projets professionnels. Cette exigence est devenue explicite dans les situations de recrutement, d'évaluation, de formation, ou encore dans le cadre des démarches qualité, et dans toutes les procédures de contrôle et de rationalisation du travail.
Les chercheurs en sciences humaines et sociales prennent aujourd'hui la mesure de ces phénomènes discursifs et sont de plus en plus sensibles au fait que s'emparer du discours des acteurs, c'est en grande partie se confronter à des productions de soi, à du travail identitaire. Dans de nombreuses disciplines des sciences humaines et sociales, les travaux portent en effet sur la manière dont les individus se produisent comme personnes sociales dans leurs environnements socioprofessionnels, sur la manière dont ils construisent leur image, pour eux-mêmes et pour autrui, et sur la façon dont ils rendent compte de leurs activités et de leurs compétences professionnelles.
Le but de cet ouvrage est donc de proposer des outils, théoriques et méthodologiques, simples à mobiliser et modulables, pour rendre compte de cette épaisseur du discours. Son originalité et son intérêt résident dans la manière de définir et d'étudier le travail de production de soi et de réflexion sur les activités socioprofessionnelles des personnes. À partir de la notion d'ethos discursif, l'ouvrage offre un moyen de comprendre et d'étudier cette activité de production de soi que mènent les individus concernés dans leurs discours. Il reprend des outils de l'analyse littéraire et linguistique (approche structurale, approche pragmatique), qui ont déjà démontré toute leur pertinence dans l'analyse littéraire, pour étudier les mécanismes de la subjectivité dans les discours.