Le Brésil a longtemps été pensé comme un pays où le racisme
n'existait pas. L'identité nationale brésilienne s'est en effet construite, à
partir des années trente du XXe siècle, sur la «démocratie raciale» et la
valorisation du métissage. Aujourd'hui, des perceptions nouvelles font
apparaître le Brésil comme un pays où, en réalité, la «démocratie
raciale» s'accompagne de racisme. Cet ouvrage propose d'interroger le
rôle que la procréation a joué et joue encore dans la construction d'une
identité nationale prise entre «démocratie raciale» et racisme.
Valeria Ribeiro Corossacz, prenant comme terrain de recherche un
hôpital-maternité de la banlieue de Rio de Janeiro, a interviewé des
femmes qui ont opté pour la stérilisation, méthode très répandue au
Brésil. Quelles sont les femmes qui choisissent la stérilisation, et
pourquoi ? Quel est le poids des rapports sociaux de sexe dans le choix
d'une méthode aussi définitive ? Quels rôles la classe et la couleur jouent-elles
dans la gestion sociale de la reproduction ? Quels sont les liens
établis entre la race, la classe, la nation, et la procréation, dans le projet
de construction d'une nation moderne ? Autant de questions auxquelles
l'auteur apporte des éléments de réponse en analysant les histoires
reproductives de femmes stérilisées, blanches et noires, des classes
populaires et moyennes.