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Ce travail de recherche nous présente l'assimilation française des Juifs séfarades,
non au travers de théories, mais grâce à la vision personnelle des trois grands
écrivains que sont Albert Cohen, Albert Memmi et Naïm Kattan, qui la
transposent dans leur premier roman en langue francophone (respectivement
Solal, La statue de sel et Adieu Babylone). Honte de soi et honte des parents
alternent avec l'attrait de l'Europe, incarnée par de belles femmes bourgeoises ;
les blessures de l'antisémitisme alternent avec la vocation d'écrivain... Et de ces
tiraillements et contradictions, l'écriture tire son essence. Ce temps passé est
déconstruit afin d'être analysé mais surtout afin d'être partagé avec le lecteur
et de susciter chez lui une réflexion. Les écrivains cités entreprennent aussi
de déconstruire le mythe de l'errance juive, en rappelant qu'ils faisaient partie
de communautés bien enracinées dans leurs pays respectifs, et ce depuis
des siècles. La mythification de la France et celle de la femme volent
conjointement en éclats tandis que la perte de la mère fait écho à la perte
de la terre natale. Il ne reste alors qu'à reconstruire... Entreprise que nous
découvrons à travers plusieurs thèmes, dont celui de l'enracinement judaïque
du christianisme, rappelé avec insistance par Cohen, ou encore celui de
Babylone, non plus symbole d'exil mais au contraire de pérennité chez
Kattan. Ainsi, on découvre une littérature juive qui, tout en s'inscrivant dans
la continuité de la littérature française, prend plaisir à la séfaradiser... et ainsi,
celle qui «assimilait» devient elle-même assimilée !
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