Et il prit un petit flacon d'huile très pure et blonde comme de l'ambre et ajouta : « Enduisons-nous avec cette huile et la clé et le trou de la serrure, et essayons. Peut-être réussirons-nous à l'ouvrir ». Ils enduisirent bien et la clé et le trou de la serrure, et ainsi Dôros, sans beaucoup d'effort pour lui ni de désagrément pour Calliclès, entra victorieusement. De la même façon, Calliclès entra et connut une victoire semblable. Ils en furent tous les deux satisfaits et profitèrent du premier fruit de leur amour.
Le récit auquel Luigi Settembrini (1813-1876) a donné le titre de I Neoplatonici (Les Néoplatoniciens) et que nous publions sous le titre d'Idylles socratiques, affirme sans ambages la supériorité de l'amour homosexuel.
Fable à la fois antique et moderne par laquelle le plaisir de l'auteur et de ses personnages se transmet avec malice et légéreté aux lecteurs modernes, et maintenant aussi aux lecteurs français, ce conte érotico-philosophique, dont on ignore les circonstances et la date de composition, est ici publié pour la première fois en français, plus de trente ans après sa première publication en Italie.
Le nom illustre de l'auteur, grand patriote napolitain, acteur du Risorgimento, respectable professeur d'université ensuite, a empêché jusqu'aux années mil neuf cent soixante-dix que soit divulgué ce récit. Grand helléniste, Settembrini le présente lui-même comme une traduction du grec ancien. Personne n'en connaît les motivations réelles et la finalité. L'auteur les a emportées avec lui dans la tombe.