« Il y aurait donc un côté “léger” dans ce livre, qui lui vient à la fois de sa modestie et de sa propension au jeu. Quelque chose entre des “petites histoires de la photographie” (pour le montage anachronique des exemples figuratifs au détriment de toute histoire déductive) et un “livre des passages” photographiques (pour le montage des citations glanées ici et là). Double hommage à Walter Benjamin, donc, et avec ce souci de noter consciencieusement – modestement –, à la fin de chaque bref chapitre, la “littérature” évoquée même du bout des lèvres. Stiegler ne manifestant aucun narcissisme d’auteur ou de “théoricien”, il nous invite simplement, aimablement, à sortir de son propre livre et à reparcourir les labyrinthes de textes et d’images où il aura lui-même aimé se perdre. Il ne veut rien dominer dans l’ordre de la doctrine. Il se contente de se déplacer dans l’immanence des photos et des mots, il court d’image en image, de métaphore en métaphore – cette course ou translatio nommant, justement, la notion classique de métaphore – et, tout en même temps, de texte en texte dans une littérature photographique traversée comme le serait une jungle par quelque explorateur ou aventurier libre de tout programme. »
Georges Didi-Huberman