Alors qu'il est convenu de dire que nous vivons dans une civilisation de l'image, les enluminures des manuscrits médiévaux ont été longtemps oubliées ou sous-estimées par la recherche littéraire. Ces images tissent pourtant des rapports dialectiques complexes avec le texte et en modèlent la réception par le lecteur. Comment lire aujourd'hui un manuscrit enluminé ? Comment saisir et comprendre ce langage fait de formes et de couleurs ? Les images constituent une rhétorique, un discours à part entière en contrepoint du texte, qui selon les cas le conforte, s'en écarte ou le contredit, le complète ou même s'en affranchit. Ce livre analyse les jeux complexes de l'image et du texte dans les manuscrits enluminés de l'Ovide moralisé, long poème anonyme qui présente les Métamorphoses d'Ovide comme une préfiguration de l'Ancien et du Nouveau Testament. L'auteur s'est attaché à analyser plus particulièrement les images mettant en scène des réalités non figuratives, comme le monde surnaturel, les dieux, les métamorphoses merveilleuses, qu'elles soient d'ordre animal, végétal ou minéral, et à comprendre les enjeux de ces modalités de figuration. L'emplacement des miniatures dans le folio, le nombre des images, le rythme de leur insertion, leur facture et leur thématique, la gamme de leurs couleurs, dessinent un univers esthétique et dialectique singulier. L'image, dans les manuscrits étudiés de l'Ovide moralisé, mêle toujours une pluralité de références : ici elle renvoie à la mythologie antique, là elle évoque des scènes de la Bible et du Nouveau Testament, le plus souvent elle s'inspire de la vie et des valeurs de l'aristocratie médiévale. Elle a véritablement une fonction didactique et contribue à installer le texte dans l'imaginaire de ses lecteurs.