L'objectif de cette étude est de répondre à deux questions :
pourquoi la transmission de la mémoire de l'immigration
postcoloniale a tant de mal à s'effectuer ? Quels sont les obstacles à
cette transmission ?
La perspective théorique choisie est en rupture avec une sociologie
de l'immigration dont le concept central reste la notion d'intégration.
Cette étude analyse les différents rapports au passé qu'entretiennent
les héritiers et héritières de l'immigration postcoloniale, dans le cadre
d'un rapport de domination hérité des structures sociales et des
représentations construites pendant l'apogée de l'empire colonial
français : l'injonction à l'intégration.
La mémoire, comme l'histoire, est une somme de rapports de force
qui travaillent la société française actuelle. A travers des entretiens
réalisés auprès de lycéens des Minguettes à Vénissieux (Rhône), une
plongée dans l'intimité des relations familiales permet de saisir les
effets de l'injonction à l'intégration : l'ambivalence des héritages de
l'immigration, et les ruptures familiales et spatiales. Ce sont ces
conséquences qui permettent de comprendre la difficile transmission
de la mémoire de l'immigration postcoloniale.