Il manque à ce livre des mots, non ceux que vous êtes en train de lire et qui ornent sa surface extérieure, ceux-là sont inévitables et leur rôle dans le cas présent est de dire une absence, leur absence du reste du livre. Ce livre est sans texte. Non
qu'il manquerait pour l'accueillir des pages et des places, tout au contraire est prêt, mesuré, ordonné à la réception de ce qui n'est finalement pas venu. Car ce livre sans mots n'est pas sans images et plans, tableaux et cartes, etc., tout est là qui
vient le plus souvent illustrer, souligner et compléter un texte dont ici demeure néanmoins le cadre, le parergon graphique - ce que les typographes appellent étrangement un « gabarit ». Le discours s'il eut été prononcé aurait trouvé là
son espace, au lieu de quoi s'installe le vide. Et l'on ne sait si ce vide est le signe d'une présence effacée ou d'un texte absent. Des phrases furent-elles écrites puis retirées ou bien renoncèrent-elles au seuil de la formulation ? L'objet de ce livre résisterait-il à l'énonciation ? De quoi s'agit-il d'ailleurs ? de quoi pourrait-il s'agir qui se laisse voir et non dire ? On peut écrire le mot. Pays. Ce livre parle, sans autres mots, d'un pays, de la France. Nous disons pays et non par exemple
nation, et nous devrons nous en expliquer, nous nous en expliquerons dans la suite de ce texte mais ce qui figure dans ce livre le montre et c'est même l'