Ce renfort, Gustave Flaubert n'en voulait pas,
précisément parce qu'il lui importait peu de
traduire pour son lecteur la réalité exacte de ce
qu'il avait observé. En Égypte, il avait bien essayé
d'«écrire un peu» sur son voyage, mais cela lui
avait vite semblé inepte. «Il vaut mieux être oeil
tout bonnement», écrivit-il à un ami. Le temps du
voyage était saturé par la contemplation. Il ne se
confondait pas avec le temps de la création. Celui-ci
viendrait plus tard, lorsque l'artiste dans son
atelier saurait quoi faire de ses impressions passées.
En attendant, Gustave laissait s'imprimer sur sa
rétine les spectacles dont il se souviendrait.
Sylvain Venayre