Qu'y a-t-il de commun entre une toile anonyme de l'école de Fontainebleau du
XVIe siècle, une toile de Roy Lichtenstein, une autre de Vermeer, ou de Seurat, ou
de Boucher, ou de Rembrandt ? A priori, rien. Mais...
Le thème de la femme à la toilette est l'un des rares, très rares qui traversent
l'histoire de l'art de l'Antiquité à nos jours. Du bain à la mise en place d'une
dernière boucle d'oreille, cette succession de soins et de rites met en évidence le
corps de la femme et sa volonté, une fois parée, de provoquer le désir. Or ce désir
est lui-même une métaphore de la peinture.
L'ambition de ce livre est donc de révéler ce qu'a pu être, ce que continue d'être
cette stratégie du désir. Que certaines des femmes qui «posèrent» pour les peintres
aient été des déesses, comme Diane ou Vénus, des personnages de la Bible, comme
Suzanne ou Esther, et que d'autres aient été parfaitement anonymes, ne change rien
à l'affaire. Il ne s'agit que de femme, de peinture et de désir.