En 1998, l'Indonésie a vécu une page essentielle de son histoire moderne. Après plus de 32 années de pouvoir sans partage, le général Suharto démissionnait sous la pression populaire. Celui qui, avec l'appui des puissances occidentales, avait instauré l'Ordre nouveau en 1966 (l'une des plus longues dictatures du 20ème siècle) pour contrer le développement du communisme en Asie, laissait un Etat exsangue sur le plan économique, en proie à la montée de l'intégrisme religieux et aux mouvements séparatistes.
En 1999, l'Indonésie est déchirée entre le désir d'entrer dans un processus démocratique et la tentation de retourner dans la répression. Composé de multiples ethnies, regroupées plutôt par intérêt géostratégique que par un réel désir de vivre ensemble, le peuple indonésien est, aujourd'hui encore, confronté au problème de «l'unité dans la diversité». Dans des conflits réguliers qui agitent les différentes îles de l'archipel, les nouvelles générations se battent pour la reconnaissance d'un véritable Etat de droits. A l'image du Timor-Oriental, confronté à des années de violence et victime des exactions de l'armée, le peuple indonésien devra connaître un jour sa vérité, au même titre que l'Afrique du Sud au lendemain de l'Apartheid et que certains pays d'Amérique du Sud issus de la dictature.