En ces temps de changements accélérés et de violences
cataclysmiques, le poète et philosophe Michel Deguy emploie
le mot «ineffacer» pour déjouer la fatalité de la fin. Forgé à
contre-oubli, le verbe se montre, en toute rigueur, à vocation
contrariante. Considérée sous ce jour, l'oeuvre s'attache moins
à ce qui est porté disparu qu'à ce qu'il lui revient de porter
disparaissant. Ni chant d'un monde ressuscité ni deuil d'un
monde irrémédiablement perdu, l'oeuvre sert à capter l'en aller
irrévocable dont se double toute manifestation de présence sur
terre. Cet ouvrage explore la manière dont divers écrivains et
artistes contemporains posent la question de la fin (terminus)
et, ce faisant, nous invitent à réfléchir plus généralement aux
fins (telos) de toute pratique esthétique. Allant de l'ontologique
et du poétique jusqu'au politique et au matériel, un très large
éventail d'approches pèse, à partir du néologisme deguien, tout
ce que comporte d'inachevé et d'inachevable la mise en oeuvre
aujourd'hui.