Pour affronter la question des relations qui unissent – ou distinguent – information, communication et stratégie, un regard de longue vue, nécessairement subjectif et partial, est d’abord nécessaire pour identifier les lignes de force épistémologiques, théoriques et pragmatiques dont le modèle dit de « Shannon » fournit la forme canonique. Ce travail effectué, il devient possible de formuler les « problèmes » de ce qu’il est désormais convenu d’appeler notre « nouveau monde ». Il se révèle alors que les traits de l’ancien monde d’une information et d’une communication « à la Shannon » restent la forme « politico-statégique » dominante, ceci en dépit d’appels, généralement très « cosmétiques », à des formes plus participatives de débats et de communication. Cet ancien monde, qui a su se rajeunir, est cependant en peine d’intégrer et de contenir le potentiel de radicale nouveauté stratégique que portent par eux-mêmes les modes d’information et de communication désormais activés par les acteurs et les collectifs. Loin d’une vision technophile irénique, une « guerre des mondes », qui n’a probablement jamais cessé, est bien le nouveau contexte des relations entre information, communication et stratégie.