Plutôt que de présenter des dessins «achevés», aboutis, cet essai d'Adrien Goetz met en lumière un choix de feuilles qui témoignent du travail de l'artiste, de la technique de l'atelier: calques rapportés, collages d'études sur d'autres études, rapprochements d'images en apparence disparates. Une nouvelle vision d'Ingres surgit de cette confrontation d'une centaine d'oeuvres méconnues, pour certaines jamais exposées.
Avec la révélation de ces «collages», on est au plus près de la méthode d'Ingres, qui compose de manière savante et musicale et révèle dans ses dessins la clef secrète de ses tableaux. Et si Le Voeu de Louis XIII, l'Apothéose d'Homère, Le Bain turc, ses toiles les plus célèbres, étaient, d'abord, des collages?
Ingres apparaît ici «moderne», dans la suite de l'exposition Picasso-Ingres du musée Picasso et du musée Picasso et du musée Ingres en 2004. Ingres humain, qui hésite, se reprend, accumule les idées. Ingres fasciné par le corps en morceaux, les distorsions anatomiques, plus audacieux encore dans ces dessins qui n'étaient pas destinés à être montrés que dans ses oeuvres «officielles». Ingres qui, malgré lui, dans sa recherche de la beauté parfaite, ouvre la voie aux collages des surréalistes et des cubistes.