Nuit de Noël au bord de la mer du Nord en 1943 : une petite fille de quatre ans chante Nuit sacrée pour les soldats d'Adolf Hitler. Un demi-siècle plus tard, chanteuse et actrice de cinéma connue, elle donne, à la fin d'une réception officielle, un bref récital dans la Citadelle de David à Jérusalem. Infirme et presque aveugle dans sa jeunesse, elle est devenue cette femme qui, sur scène, a «le sang-froid d'un torero, la concentration d'un moine bouddhiste et la vitale fantaisie d'une animatrice de bordel».
Ca, c'est l'héroïne. Il y a aussi une robe de satin noir que lui coupe, à même la peau, le grand couturier, un mystérieux manuscrit près du lit de mort du célèbre cinéaste qui a été son mari, le yacht d'un producteur flamboyant entouré de sa cour de filles et de bouffons : tout ce qu'il faut pour un roman de gare. Mais l'écriture, qui mélange la sèche brutalité des documents avec le ton des contes de fées et du rêve, les dispositifs raffinés du montage et une forte musicalité transforment tout cela en un pur objet littéraire.