Faire des noeuds est un lent détour, un « innombrable retour » : un point de départ et une direction indiquée, l'assignation d'une origine débouchant à l'autre extrémité sur une ouverture, avec entre les deux une forme, un dessin, une idée qui se déploie et vous invite à suivre son fil. Autant dire que le noeud est un tout, forme un monde, une cosmogonie possible : le repli ou l'horizon, l'énigme et la solution, l'harmonie ou la rupture, l'individualisme ou le lien, l'attache ou la dérive, une entrave ou une envisageable liberté, un ancrage ou l'appel du lointain...
Ce sont ces questions que tisse sans répit Jean-Pierre Husquinet, c'est entre ces pôles, moins contradictoires que complémentaires, qu'il serpente, sinue, s'égare pour se retrouver - jaillissant au sortir d'une forme parfaite lorsque l'on croyait l'artiste en train de s'emberlificoter, n'oubliant jamais de teinter d'humour et de couleurs vives la complexité retorse ou les méandres trompeurs de son matériau.