Coordonné par Pierre Jacquet, professeur d’économie à l’École nationale des Ponts et Chaussées (ENPC) et Jean-Michel Severino, senior Research Fellow à la Fondation pour les Études et Recherches sur le Développement International (FERDI), le numéro 156 de la Revue d’économie financière est consacré à l’« Innovation financière dans les pays en développement ».
Réunissant 22 auteurs et autrices, et riche de 14 articles, le thème central de ce numéro se décline en 3 chapitres :
- Innovations : efficacité et inclusion
- Rechercher l’impact social et environnemental
- Mieux gérer la dette internationale
À la suite de l’article introductif, les quatre articles de la première partie décrivent l’essor des Fintechs, qui s’exprime de façon différente en Afrique, en Amérique latine ou en Asie.
Les services financiers numériques font progresser l’inclusion financière de façon significative. À côté de l’Afrique, pionnière dans la monnaie mobile, l’Amérique latine a émergé comme laboratoire à la pointe de l’innovation. Partout, pour pouvoir continuer à profiter des bénéfices de la Fintech, les pays émergents et en développement (PEED) ont besoin d’investissements de formation, d’infrastructures numériques, et de réglementation.
Les deux articles de la seconde partie montrent le potentiel de l’innovation financière pour la recherche d’impacts, qu’il s’agisse des objectifs de développement durable ou de la lutte contre le réchauffement climatique. Les approches innovantes associent financements privés et publics (le « blending ») ou reposent sur l’intégration des impacts extra-financiers aux impératifs de rentabilité dans les décisions d’investissements. Ces approches demandent des efforts importants de coordination entre acteurs et un niveau suffisant de maturité des systèmes financiers.
La troisième partie, composée de trois articles, s’intéresse à l’endettement international, et au potentiel de mécanismes innovants, instruments contingents, ou échanges dette-nature.
La complexité des instruments proposés, leur faible liquidité, et la difficulté et l’insuffisance de la coordination entre les créanciers ont jusqu’à présent limité leur potentiel. À un moment où les problèmes de dette reviennent au premier plan, il est urgent de fournir aux pays africains un cadre financier innovant, adéquat, et cohérent pour répondre à leurs principales vulnérabilités.
Ce dossier doit changer le regard porté sur les pays en développement, devenus des terrains d’innovations particulièrement dynamiques, mais aussi sur le rôle de la finance au service de la société et du développement, dès lors que les politiques publiques et les autorités réglementaires ont appris à en mobiliser le potentiel.