Du haut de ses 2 814 m, le Mont Hermon (Jabal ech-Cheikh) dresse son imposante masse calcaire entre la côte méditerranéenne et la steppe syrienne. Une réputation ambiguë de sauvagerie et de sacralité s’accroche à ses cimes enneigées depuis l’Antiquité. « On dit qu’il y a au sommet un temple célèbre qui sert au culte des païens, en face de Panéas et du Liban », notait saint Jérôme à l’aube du triomphe de la foi chrétienne. À l’image du Père de l’Église, les voyageurs et les savants européens qui ont gravi les pentes de la montagne depuis le dix-neuvième siècle partaient en quête de souvenirs bibliques. Chemin faisant, ils ont pourtant découvert de nombreux sanctuaires païens de l’époque romaine. Ils ont aussi relevé des inscriptions grecques et latines qui évoquent non seulement les lieux saints, mais aussi les villages de la région. Ces textes constituent un témoignage irremplaçable sur la vie des communautés locales, établies en altitude, sur les marges des territoires civiques de Sidon, Damas et Césarée-Panéas, au cours des trois premiers siècles de l’ère chrétienne. Fruit de prospections épigraphiques effectuées sur les versants libanais et syriens de la montagne, le onzième tome des Inscriptions grecques et latines de la Syrie (IGLS) les réunit et leur ajoute de nombreux inédits, ouvrant la voie à l’étude de la société et des cultes du Mont Hermon sous l’Empire romain. The Mount Hermon (Jabal esh-Sheikh), 2814 m high, raises its impressive limestone range between the Mediterranean coast and the Syrian steppe. An ambiguous reputation for wildness and holiness hangs on its snowy-capped peak since antiquity. “One says that there is on its summit a famous temple used by the pagans for their cult, facing Paneas and the Lebanon”, as Saint Jerome noticed at the dawn of the triumph of the Christian fate. Following the example of the Church Father, the European travellers and scholars who have climbed the slopes of the mountain since the nineteenth century were seeking biblical souvenirs. Yet, they discovered many pagan sanctuaries of the Roman period on their way. They collected Greek and Latin inscriptions too, which mention not only holy places, but also villages in the region. These texts are an invaluable source of information on the local communities who settled at high altitude, on the margins of the civic territories of Sidon, Damascus and Caesarea-Paneas, during the first three centuries of the Christian era. Resulting from epigraphic surveys on the Lebanese and Syrian sides of the mountain, the eleventh volume of the Inscriptions grecques et latines de la Syrie series (IGLS) collects this documentation for the first time, and adds many unpublished texts to it, opening the way for the study of the society and the cults of Mount Hermon under the Roman Empire.