Insenso. Emportée par le souffle d'une voix multiple, la comtesse Livia Serpieri (celle du film « Senso » de Visconti) n'est qu'amour pour le sous-officier Franz Mahler qui vient d'être exécuté sur sa propre dénonciation. Ce qui l'anime est la passion, celle qui espère la fusion impossible des corps, et conduit à la consumation des âmes jusqu'à la folie, hors de tout autre considération.
Stroheim. Retiré avec sa compagne Denise, Erich von Stroheim voit survenir Norma Desmond, l'héroïne du film « Sunset boulevard » de Billy Wilder dans lequel il jouait. Comme une vision impossible, inaccessible au temps, le personnage parle, évoque le passé et l'avenir, mais aussi la comédienne qui l'interprétait. Et du personnage à l'actrice, de la vie du réalisateur-acteur à la scène du théâtre, du monde des vivants à celui des morts, se dessine l'abyme envoûtant de notre présence au monde.
Centrés sur des figures emblématiques du cinéma, ces deux textes interrogent le rapport au réel. Dimitris Dimitriadis travaille le rythme de l'écriture - ce dont témoigne la graphie - de façon à rendre perceptibles les mouvements souterrains des êtres : monologue à multiples registres pour Insenso, sorte de dialogue syncopé à trois personnages pour Stroheim.