"La lettre, comme un souffle d'ailleurs. On l'accueille avec
une feinte désinvolture - tendre la main vers une lettre fait partie
des gestes apparemment paisibles du rituel intime. Pourtant,
les meubles et les murs changent soudain de nature. Même la
cafetière, même ce peu de sucre fondu au fond de la tasse,
même l'odeur éparse du café n'y peuvent rien - une lettre
à la main, la maison se fait port, et l'on devient navire à quai."
Philippe Delerm rentre ici dans l'intimité d'un des plus
grands peintres danois qui le touche particulièrement :
Vilhelm Hammershoi (1864-1916). En observateur zélé,
nanti de cette acuité tout animale, il s'immisce dans les toiles
du peintre pour mieux nous raconter ce qu'il a vu
et qui nous aura échappé.
Déambulant dans cet intérieur - celui de la propre maison
du peintre -, dans une demi-lumière qui préserve le secret,
Philippe Delerm nous offre ici un texte qui réussit le tour
de force de nous réapprendre à observer, éclaircissant la palette
de ce peintre de l'intime, que d'aucuns qualifient comme le
Vermeer danois.