Véritable Protée syntaxique, le mot latin quin est
susceptible d'introduire une interrogation sur la cause,
un énoncé injonctif par lequel le locuteur exprime son
impatience, un argument qui constitue un renchérissement
ou encore une proposition subordonnée, tantôt positive,
tantôt négative, qui peut être complétive, consécutive, causale
et même relative. La diversité de ses emplois est telle qu'il y
a lieu de se demander s'il s'agit d'un seul et même mot ou de
plusieurs termes homonymes.
Le présent ouvrage propose une exploration des
divers systèmes dans lesquels entre quin - interrogation,
coordination et subordination - dans le cadre d'une approche
à la fois pragmatique, sémantique et syntaxique. On y trouvera
des analyses du fonctionnement exact et de la valeur de quin
et des termes d'emploi proche, ainsi que des considérations
sur la manière dont il convient de traduire ce mot selon les
divers contextes dans lesquels il apparaît.
Quelle est l'origine de quin ? Comment s'expliquent les
particularités des conditions de son utilisation ? Existe-t-il
des liens entre ses différents emplois ? Comment ces emplois
ont-ils évolué depuis l'époque des premiers textes jusqu'au
IVe siècle de notre ère ? Telles sont quelques unes des questions
auxquelles s'efforce aussi de répondre cette étude. Mais le cas
de quin s'inscrit également dans une perspective plus large
puisqu'il concerne le comportement de la négation et qu'il
illustre des phénomènes tels que la réanalyse, la lexicalisation,
la grammaticalisation ou l'évolution cyclique. À tous ces titres,
il intéresse non seulement les études latines, mais encore la
linguistique générale.