Montrer les souffrances physiques et sociales des individus
et manifester, dans l'espace public, les «bonnes actions» pour y
répondre demandent plus que jamais une maîtrise des outils et
des techniques de communication. Mais peut-on produire de la
solidarité comme on produit une émission de télévision ? La
vision médiatique des souffrances bouleverse-t-elle notre
croyance dans la réalité du malheur d'autrui ? L'auteur analyse
l'émergence progressive, depuis la fin des années quatre-vingt,
de différentes pratiques communicationnelles dans le champ du
social en France. Ce faisant, il expose le double mouvement de
professionnalisation qui pousse : les professionnels et les bénévoles
de l'intervention sociale à communiquer via différents
médias pour valoriser et publiciser leur action ; le monde des
médias à s'investir, à partir de leurs compétences techniques,
dans différents «gestes du coeur» pour répondre aux souffrances
contemporaines. Ces interactions donnent ainsi naissance à un
nouveau champ : le sociomédiatique.