Parues en 1895, les Vies Imaginaires de Marcel Schwob scellent l'acte
de naissance d'un genre littéraire, la fiction biographique, dont les dérivés
contemporains pullulent dans nos librairies depuis les Vies minuscules
de Pierre Michon, les récits de Pascal Quignard, de Jean Echenoz ou de
Patrick Modiano.
Art littéraire de la mémoire, ces récits résonnent de la religion de
transmission propre à notre culture comme de notre orgueil des différences
et de notre besoin des secrets. Rêvées ou réinventées par les écrivains, ces
vies produisent une mythographie proprement littéraire fondée sur ce que
Schwob nommait le sentiment moderne du particulier et de l'inimitable :
elles enrichissent, aux marges de la grande Histoire, nos existences de
nouveaux possibles.
C'est un voyage parmi ces vies imaginaires, fil secret de notre histoire
littéraire et laboratoire précieux de nos identités modernes, et une réflexion
sur ce genre désormais central de la littérature française et pourtant jamais
encore étudié en tant que tel, la biofiction, que cet essai veut proposer.