Une princesse mineure
Avec Héloïse et Claire d'Assise, Isabelle de France est au très petit nombre de
celles qui, au Moyen Âge, eurent l'audace de composer une Règle pour régir la
vie d'autres femmes. Ainsi fonda-t-elle l'Ordre des Soeurs mineures, qui se
répandit en France et en Angleterre. Pourtant, alors que, dans leurs pays
respectifs, Élisabeth de Hongrie ou Agnès de Prague font figure d'héroïnes
nationales, la princesse capétienne est à ce jour une inconnue de l'histoire.
Soeur cadette de Louis IX, Isabelle refusa le mariage avec le fils de l'empereur
Frédéric II, se consacra à la virginité tout en continuant de vivre à la cour royale
et obtint, en 1263, l'approbation de la Règle des Soeurs mineures : elle affirmait
ainsi son choix de suivre les traces de François d'Assise sans recourir à la
médiation de Claire. Avec l'aide de son frère, elle fonda le monastère féminin
de Longchamp, mais ne voulut pas pour autant en être abbesse, vivant jusqu'à
sa mort dans l'humilité, en lisière de la communauté. Si son souvenir resta à
jamais dans l'ombre de saint Louis, sa destinée éclaire pourtant de manière
décisive les inflexions du règne de son frère, le roi christique.
Fruit d'une collaboration internationale, le volume Isabelle de France
comprend une présentation biographique de la princesse et la totalité des sources
médiévales qui la concernent, traduites en français moderne. La soixantaine de
textes brassés relève de tous les genres documentaires pratiqués au Moyen Âge.
Ils offrent une plongée dans le siècle de saint Louis, mais aussi dans la spiritualité
et la vie colorée d'une fille de roi qui, à sa manière, choisit d'être une rebelle.