Islam et science
Pourquoi est-il difficile, dans certains lycées, d'enseigner la théorie de Darwin à une partie des élèves
musulmans ? À partir des discours et écrits de penseurs
musulmans contemporains lus dans le monde entier,
de Sayyd Qutb à Tariq Ramadan, Alexandre Moatti
analyse la critique d'une science dite « occidentale » au
nom d'une science « islamique », imbrication de science
et de religion que l'on peut qualifier de concordisme. Si
certains des arguments avancés rejoignent dès les
années 1970 une critique écologique pertinente de la
science, ils se sont trouvés amplifiés sur internet, dans
des discours radicaux qui ne laissent plus de place
au savoir académique, au profit d'un prosélytisme mêlé
de théorie du complot. En remettant en cause la
démarche scientifique en elle-même, l'ensemble de ces
discours touche à l'un des fondements du corps social
contemporain. Or, c'est justement cette capacité de
questionnement, induite par la relation à la science, que
doit mieux prendre en considération l'islam d'aujourd'hui.