Petit-fils du grand Mohamed Ali, Ismaïl pacha (1830-1895) a sans doute moins marqué les esprits que son illustre grand-père, considéré comme le fondateur de l'État moderne en Égypte. Pourtant, en seize ans de règne, Ismaïl transforme considérablement son pays. Entre 1863 et 1879, il réforme en profondeur l'enseignement, remanie le système judiciaire, multiplie les voies de communication, crée de nouveaux quartiers au Caire, se constitue un vaste Empire africain, obtient le titre de khédive et l'hérédité du trône pour ses descendants. L'inauguration du canal de Suez en 1869 marque l'apogée de son règne et concrétise son rêve de toujours : traiter d'égal à égal avec les souverains européens, alors que l'Égypte n'est officiellement qu'une province ottomane. Mais ces festivités fastueuses sonnent aussi le glas de la magnificence du khédive, dont le pays est en faillite.
Grand réformateur pour les uns ou désastreux gaspilleur pour les autres, Ismaïl a-t-il modernisé son pays ou bien l'a-t-il ruiné et, en quelque sorte, livré à l'Angleterre ? Qui est en réalité ce personnage à la fois imprégné de culture occidentale et véritable potentat oriental ? D'une plume enlevée, Robert Solé revient sur le parcours de cette figure controversée et paradoxale. NI réquisitoire ni panégyrique, cette biographie passionnante fait pour la première fois la lumière sur l'action et la personnalité véritables de celui qui restera à jamais « Ismaïl le Magnifique ».