J.M.G. Le Clézio
Accéder en vrai à l'autre culturel
Corps d'images perçues et de langage, à travers un langage propre...
entre figurabilité, imaginaire, représentation et sensible à la fois, l'altérité
culturelle et géographique, chez Le Clézio, doit sa logique à l'inscription
éparse mais profuse voire diffuse également du discours authentique de
l'autre lui-même qui remplit tout l'espace de son altérité, ce siège de ailleurs
pour un sujet dit même mais qui est aussi l'autre de l'Occident. Mots pleins
de l'autre en train - paradoxalement - d'effacer la présence du même censé
le dire. Entre eux, il n'y a ainsi jamais ce vide ni ce silence qu'on pourrait
redouter de leur rencontre. L'autre se construit au fur et à mesure de sa
présence, par le silence de celui qui l'écoutant est à son tour un bruit et
un écho de présence. La parole du premier remplit la page. Son ombre
poétique également. Et ce à travers un phantasme à partir duquel s'est
d'abord formée l'image virtuelle puis, ensuite, au terme du contact sensible,
l'image « réelle » revêtue des symboles qui l'accompagnent en l'expliquant.
Tous les mots, ici, sont ainsi imagés d'un réfèrent qui superpose l'autre à son
double qu'est ce même, lequel prétendait pourtant au départ représenter
cet autre, son objet. Car voilà que tous deux sont devenus sujets pleins,
sujets de dire, et qu'ils fraternisent à l'idée de retrouver l'autre moi-même
en chacun d'eux tout en gardant leur intégrité respective. Comme les deux
mains qui se touchent chez Merleau-Ponty, ils sont indissociablement sujet
et objet... à la fois.