Diplomate peu connu du grand public, Jacques Seydoux joue
pourtant un rôle déterminant, au lendemain de la première guerre
mondiale, dans la prise en compte par le Quai d'Orsay des facteurs
économiques et financiers dans les relations internationales. Sa
pensée, riche et originale, envisage alors la reconstruction de
l'Europe de façon globale, avec lucidité et pragmatisme, et trouve
des solutions concrètes aux questions les plus délicates, comme
celles des réparations allemandes et des dettes de guerre. Prônant la
coopération et le rapprochement des cultures, il va jusqu'à défendre
l'idée d'une Europe unie, autour de la France, de l'Allemagne et du
Royaume-Uni, dans le cadre d'une coopération essentiellement
économique.
Sa carrière, qui s'étend sur les trente premières années du XXe siècle,
de part et d'autre de la Grande Guerre, couvre une période de profond
renouvellement des fonctions et des pratiques diplomatiques,
qui voit notamment l'essor de la diplomatie économique et du
multilatéralisme. Le parcours du diplomate est ici totalement
inséparable des évolutions qui affectent l'ensemble d'une profession
et le cadre institutionnel dans lequel elle s'exerce. À travers l'itinéraire
d'un homme, cette étude propose une réflexion sur le processus
décisionnel en matière de politique extérieure et sur le métier de
diplomate, au moment où ce dernier commence à voir son rôle et
ses prérogatives contestés par les évolutions profondes du monde
contemporain.