"Clémence. J'écris pour toi, pour nous, pour les autres mères et les autres filles confrontées à la même épreuve. J'écris pour essayer de comprendre ce qui nous est arrivé le 4 octobre 1981, jour de ta naissance, j'écris pour crier le poids du handicap, la nécessité de la rébellion, le deuil toujours incomplet, la possibilité du salut. A mon insu, phrase après phrase, ces pages ont fractionné la masse compacte du chagrin et de la colère en autant de morceaux que ce livre compte de mots. L'écriture a fait avancer le travail que la vie a commencé il y a vingt-deux ans. Clémence, dès aujourd'hui je peux te dire ce que la Belle ne déclare à la Bête qu'à la fin du conte: "J'aime avoir peur avec vous." Oui, quelle que soit la couleur du jour, tremblante ou assurée, je peux te dire moi aussi: "J'aime avoir peur avec toi.""
C.C.