Jamais ne dors marque une rupture formelle dans l’œuvre de Pascal Boulanger. Si ses précédents recueils (notamment Martingale, Tacite, L’Émotion l’émeute et Jongleur) travaillaient le vers libre et le poème en prose, Jamais ne dors, en refusant la rétention du sens et des sensations, prend appui sur le vers ample et le verset claudélien.
Faut-il rappeler que le verset tire son origine de la Bible et... de la correspondance amoureuse ? Puisqu’il s’agit, avant tout, dans Jamais ne dors de faire dialoguer les passions humaines et de désigner – sans emphase mais dans la revendication d’un « haut-lyrisme » – l’amour sous toutes ses formes, éros, philia et agapè doivent se mêler dans le poème.
Jamais ne dors ne décèle par ailleurs aucune recherche de transcendance, aucun éloge d’un ailleurs ou d’un hors-temps plus vrai que nos contingences. Les versets s’enchaînent et génèrent leur conséquence, sans jugement préalable ou remords extérieur. Il s’agit d’examiner le lieu (notre théâtre) où s’interpénètrent les sphères de l’intime et de l’Histoire.