Peut-on considérer le roman du XVIIIe siècle comme un véritable espace de transformation du jardin ? Est-ce que les romanciers ont réinventé ce lieu aussi bien que les architectes ? Cet essai montre les affinités entre les romans et les traités, ainsi que l'écart entre les aspects du jardin hérités de la tradition littéraire et ceux qui apparaissent au cours du siècle. Le passage du modèle à la française au modèle à l'anglaise a permis aux romanciers de soustraire l'image du jardin du domaine de la description, pour le rapprocher de celui de la narration. Du bonheur à la mélancolie, de l'érotisme à la mort, cet excursus dans l'imaginaire romanesque des Lumières montre les ambivalences qui habitent le jardin et sa symbolique.