Je crois à la Résurrection de la chair
Peut-on ranger la Résurrection de la chair, au nombre des diverses croyances sur l'au-delà, même pour lui donner la préférence ? La théologie peut-elle appréhender un tel sujet en ayant pour but premier de répondre aux interrogations, aux doutes et aux idées de nos contemporains ? Cet essai propose de déplacer radicalement l'approche habituelle de ce grand mystère et des difficultés qu'il soulève.
La Résurrection de la chair n'est pas une proposition traditionnelle de la Foi qu'il s'agirait d'actualiser et, au besoin, d'adapter pour la rendre acceptable à défaut de pouvoir la rendre pleinement intelligible. Tout à l'inverse, la Foi peut et doit préjuger de sa rationalité, et donc de sa crédibilité. Ce mystère n'est-il pas immédiatement connexe aux mystères centraux que sont la Résurrection et l'Incarnation du Seigneur ? Ne participe-t-il pas directement du mystère de la Création ? Considérée comme l'achèvement du dessein créateur et rédempteur, et surtout, reçue dans l'expérience de la Foi, la Résurrection de la chair prend un tout autre sens. Elle n'est plus la perspective irreprésentable autant qu'incertaine du devenir humain au terme du lointain Jugement dernier. Dans la Foi, nous la connaissons, nous la vivons et la comprenons comme une réalité commencée. La chair, dès cette vie, connaît son devenir au-delà de la mort, et elle en vit les prémices pour sa plus grande joie.
L'essai ose cette affirmation et en produit rigoureusement la démonstration en déployant son propos dans la structure des trois vertus théologales. Parce que cette structure est celle du mystère chrétien dans son ensemble, elle s'offre en effet comme la mieux à même d'éclairer théologiquement la Résurrection de la chair. En suivre pas à pas le parcours, c'est rencontrer l'extrême importance de la chair dans le contenu de la Foi et dans la vie chrétienne.