L'antiquité au présent
Je est l'autre ?
Sur les traces du double dans la culture ancienne
Dès ses débuts, la culture occidentale a été fascinée par un noyau mythique : l'existence du double, la mystérieuse présence d'un autre soi-même. Au Moyen Âge, les récits abondent où des démons tentent de séduire d'honnêtes femmes en prenant les traits de leurs maris - comme en écho à l'Amphitryon de Plaute. Doubles encore dans les mythologies irlandaise et écossaise, ou les contes nordiques. Et le XIXe siècle est riche de « Doppelgänger », dont l'ombre se projette encore sur la création contemporaine. Jésus lui-même, dans la tradition gnostique, a son double en Simon de Cyrène.
On ne saurait comprendre le vrai sens du double sans remonter à ses premières traces, dans l'antiquité grecque : les poèmes homériques où dieux et déesses prennent volontiers les traits d'un mortel ; la mythologie héroïque où Héraclès, le héros par excellence, et Alexandre le Grand, jusque dans ses réincarnations de la tradition arabe, sont associés à la gémellité. Le héros pour être tel auralt-t-il besoin d'un double ? C'est aussi la poésie latine, des Métamorphoses d'Ovide à l'énigmatique réplique qu'est la parva Troia dans l'Énéide, qu'interroge ici Maurizio Bettini.
Qui est je ? Qui est l'autre ? Voici que surgit la question de l'Identité au détour de cette exploration passionnante et vertigineuse.