«On ne naît pas femme, on le devient» disait Simone de Beauvoir.
Peut-on prétendre : «On ne naît pas Juif, on le devient». C'est ce
que tente d'élucider Charles Dobzynski dans ce singulier roman en
vers. La judéité est multiple. Elle se manifeste aussi dans un dialogue
impertinent avec «Dieu sans confession» que galvanise l'irruption de
l'humour. Le récit prend une ampleur épique en évoquant le destin de
diverses communautés juives de la diaspora, aux États-Unis, en Russie,
en France, en Pologne où s'effectue un poignant retour du poète sur
son lieu de naissance. Dans l'ensemble de cette méditation axée sur la
question : «être Juif, comment ?» l'auteur affirme son autonomie de
pensée, son refus des dogmes, dans la philosophie de l'être, comme
dans l'amour partagé.
Poésie narrative ? Sans doute, mais dans son architecture de
séquences et de vers brefs, c'est le lyrisme existentiel qui a la force
d'une lame de fond.