Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Ben Hecht. "Je hais les acteurs" révèle quelques-unes des faces du multiple talent de Ben Hecht. À la faveur d'une intrigue policière supérieurement construite et digne d'un Ellery Queen ou d'un Dashiell Hammett, Ben Hecht trace de la capitale du cinéma aux derniers temps de sa splendeur un portrait hilarant et que l'on sent, néanmoins, plein de vérité. Ce cynique était devant Hollywood, qu'il connaissait sur le bout du doigt, comme un père lucide à l'égard de son fils prodige et gâté: il en dénonce, il en moque les travers, mais il ne peut se tenir d'avoir une affection amusée pour ce royaume du faux-semblant, de l'incongru et de l'absurde. "Je hais les acteurs" n'est pas un livre à clé, mais quel est le producteur de l'Hollywood de naguère qui ne ressemble pas un peu à Jérôme B. Cobb, le génie surmené maître des destinées des Studios Empire ? Quel est l'agent qui, semblable à Orlando Higgens, n'en vient pas parfois à détester ses clients les acteurs ? L'individu normalement constitué qui, à l'instar du mystérieux assassin de "Je hais les acteurs", ne rêve pas, encore que par des moyens moins radicaux, de faire du cinéma ce qu'il n'est pas et ce qu'il ne sera sans doute jamais: quelque chose de raisonnable et que ne régissent plus seulement la folie, l'incompétence et le box-office.