Voici plus de treize ans que je matricule en rond.
J'ai beaucoup désappris. J'ai désappris la nuit. Il ne
fait jamais nuit dans vos prisons. Nous sommes toujours
sous les projecteurs au halo orangé, comme
sur les autoroutes et les parkings de supermarché.
J'ai désappris le silence. La prison ne connaît pas le
silence. Il s'en écoule toujours une plainte, un cri,
une rumeur.
Plus de pendus aux branches, nous sommes à
l'époque du capitalisme démocratique, de la représentation
idéologique du «No letal system». Ici,
on assassine par fatalité juridico-administrative. On
élimine le non-compatible. On le dissout dans
l'acide du temps...