Je suis une usine
Le manuscrit de Je suis une usine est resté plus de quarante ans dans les papiers d'Yves Le Manach, à tel point
qu'il en avait oublié jusque l'existence.
En 1973, son livre Bye Bye Turbin ! paraissait aux éditions
Champ Libre, composé de notes et de textes écrits à la fin
des années soixante, pour certains sur un coin d'établi, ou
dans les chiottes de l'usine Sud Aviation, ou à l'heure du
casse-croûte. Il avait quitté l'usine en 1970 pour s'installer
à Bruxelles, avec sa compagne. C'est durant cette période
qu'il a écrit ses « histoires d'usine », rue du Châtelain...
L'usine évoque abondamment, il est vrai, les violences et
les frustrations trop longtemps contenues par ses « élus »,
tous les jours, tous les mois, toute la vie. Suffisamment pour
expliquer que certains ne conçoivent d'autre liberté que
l'irréparable. Ni d'autre échappatoire au monstre concentrationnaire que le monstrueux : « On ne s'étonnera pas si
un jour les rêves nourris au plus secret d'eux-mêmes, rêves
de violence, de mort, de vengeance, d'amour et de totalité,
viennent éclater dans la réalité. », nous prévient-elle.