«Sur la tombe de ta mère. J'ai vu la larme couler derrière les
verres sombres et épais de tes lunettes. Les choses n'auraient pas
dû se passer ainsi, mais cette larme t'est montée aux yeux et elle
a fini par couler. Tu croyais que je n'avais rien vu, mais moi,
je t'avais à l'oeil. Je t'avais tout le temps à l'oeil. Je t'observais
sans cesse, te surveillais, scrutais le moindre de tes gestes.»
À la mort de son père, Immanuel Mifsud découvre le journal
intime que celui-ci a tenu tout au long de sa vie. Derrière une
épaisse couverture marron se cache l'histoire d'un ancien
militaire enrôlé dans l'armée britannique en 1939, l'histoire
d'un homme qui placera au centre de l'éducation de son fils
sa vision de la virilité et de la faiblesse. Immanuel grandit dans
l'angoisse permanente de décevoir la figure paternelle, jusqu'à
lui-même devenir un père portant l'héritage de cet homme aussi
magnifique que décevant.
La nostalgie revit à travers ces pages qui revisitent la violence
de son éducation. Le fils, l'écrivain décortique les images
et cerne avec justesse les paroles qui agissent encore sur lui
aujourd'hui. Immanuel Mifsud reconstitue par puissantes
touches une histoire intime et une histoire maltaise, il parvient
ainsi à tenir sa promesse de publier les carnets de son père
grâce à cet autre texte, son propre texte.