Le rythme de Jacques Roman, c'est ça : un renversement inspiré, tonique, de la bien-pensance, considérée comme une statuaire. Parfois, il ne veut pas le savoir, ou teint de ne pas le savoir. Ainsi, quand il affirme : « Il n'y a pour toi écriture que devant une écriture qui superbement t'ignore. » Mais comment l'écriture pourrait-elle l'ignorer, lui, puisqu'il l'a dans le sang, dans le sperme, dans ses tissus cavitaires et jusqu'en ses coulées pariétales ? Puisque cette écriture anticipe, là où elle se trouve, sur les raisons et déraisons qu'il se donne, quoi qu'il fasse, de lui être consubstantiel. Au XVIIe siècle, le dictionnaire définissait ainsi l'enthousiasme : une fureur poétique ou prophétique. Jacques Roman est un fou furieux de cette espèce, celle qu'on n'enferme point, sous peine de se priver de l'éclat de ses étranges hontes, et générosités drues, telle une danse de vie piétinant cruellement, dans sa foulée, la matrice indifférente des robots. Il faut lire Jacques Roman, c'est un acte qui relève des Droits de l'Homme autant que de ses devoirs envers l'honneur perdu du Verbe s'étant fait chair.
Marcel Moreau