Jean Cocteau, le poète du temps perdu
Ni échange « ping-pong » de questions-réponses, ni récit dramatique, ni pièce radiophonique, cet objet rare et singulier est pourtant un peu tout cela. Il constitue en tout cas une pierre supplémentaire à la compréhension de la pensée en constante ébullition d'un artiste dont les outils premiers étaient la mémoire (Colette avait écrit du jeune Cocteau : « Il n'invente pas, mais se souvient »), l'oeil implacable, le tournemain incomparable. S'il a été un révélateur de génie, un « lanceur » de tendances, Cocteau a inventé beaucoup plus qu'on aime à le dire et mérite mieux que ce qualificatif de « funambule » qu'on lui a trop souvent accolé. Il avait juste la tête dans les nuages ou dans ce « clair de lune sous des fusées pâles » que, selon Cocteau, voyait Apollinaire dans le ciel de la guerre. Renaud Machart