Jean Derval (1925-2010) est une figure majeure de
la céramique contemporaine. Après une formation dans
la section publicité à l'École nationale des arts appliqués
à l'industrie, où il a pour camarades Robert Picault
et Roger Capron, il se forme an métier de graphiste,
et c'est comme affichiste qu'il entame sa vie professionnelle.
Engagé par Christofle, il réalise des décors d'orfèvrerie
mais aussi une ligne de pièces d'usage réalisées à Saint-Amand-en-Puisaye.
Ce sanctuaire du grès, magnifié
par Jean Carriès et son école à l'aube du XXe siècle, est
pour Jean Derval une révélation. Il découvre dans l'atelier
Maubrou-Pigaglio un univers qui le satisfait pleinement
par la richesse de ses techniques et par ses vastes
possibilités artistiques. Plus encore, la céramique
laisse le créateur complètement libre de ses choix,
dans une immédiateté quasi magique de réalisation.
Il peut «dessiner un bol et boire dedans le lendemain».
En 1947, Jean Derval retrouve à Vallauris les deux autres
membres du club «les trois coqs», Robert Picault et
Roger Capron, qui ont fondé l'atelier Callis. Il rejoint
deux ans plus tard le célèbre atelier Madoura, animé par
Suzanne Ramié et alors dominé par la figure magistrale
de Picasso. En 1951, il fonde l'atelier du Portail.
Il y développe un art subtil, d'une grande virtuosité
technique et artistique, voué à la pièce unique. Ce savoir-faire
fascine Roger Capron, qui fait appel à lui de 1967
à 1973, notamment pour le chantier important de l'hôtel
Byblos à Saint-Tropez. Par la suite Jean Derval sera
amené à collaborer à des réalisations architecturales aussi
prestigieuses que l'aéroport de Saint-Denis de La Réunion
ou la technopole de Sophia-Antipolis.
Préfacé et postfacé par ses amis Claude Bleynie
et Jean-Paul van Lith, ce livre retrace les grandes étapes
d'une oeuvre expressive, diversifiée et fort savante,
où le rouge de cuivre règne en majesté dans un monde voué
à la faïence, un véritable tour de force. Son inspiration
fortement marquée par le mouvement de l'imagerie s'ancre
dans une tradition qui lui permet sur un mode souvent
néocubiste de nous livrer des guerriers, des fauconniers
issus du Moyen Âge, des minotaures et des sphinx hérités
des mythologies méditerranéennes, sans oublier
une production d'art sacré liée à une foi inébranlable.
Cette inspiration renforcée par les multiples domaines
abordés par Jean Derval trouve son unité dans la rigueur
du dessin, le souci du détail, une parfaite connaissance
des techniques et surtout une attention constante portée
à l'homme et à ses multiples interrogations.