Les films de Jean Eustache continuent de nous parler, avec sensualité et gravité. A-t-on jamais vu filmographie entretenir un tel rapport d'intimité avec chacun de ses spectateurs ?
Cinquante ans après la sortie de La Maman et la Putain, nous sommes toujours éblouis, éclaboussés et surtout concernés par la modernité du monologue de Veronika. Que s'est-il passé ? Et que se passe-t-il encore pour qu'une nouvelle génération, qui découvre enfin l'oeuvre d'Eustache, longtemps invisible, s'y dévisage à son tour, jusque dans ses questionnements les plus actuels ? Depuis sa disparition en 1981, la figure d'Eustache hante le cinéma français. Philippe Azoury cherche à se saisir de sa complexité comme de son tranchant, dans cet essai qui traverse l'oeuvre tout entière.
On ne ressort pas indemne des films d'Eustache. Ils témoignent d'un amour infini pour le cinéma, mais d'un amour si grand qu'il nie son objet. Ils n'en finissent pourtant pas de nous servir d'éducation sentimentale.